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Les cartes d’occupation du sol

Mise à jour 2020 : cet article est maintenant ancien, des informations plus précises sont disponibles sur : http://osr-cesbio.ups-tlse.fr/~oso/

D’après Wikipédia, l’occupation du sol désigne pour la FAO (1998) « la couverture (bio-)physique de la surface des terres émergées » et donc le type d’usage (ou de non-usage) fait des terres par l’Homme. La mosaïque paysagère est cartographiée en identifiant les types homogènes de milieux (ex : zones artificialisées, zones agricoles, forêts ou landes, zones humides, etc.).La connaissance précise de cette occupation du sol est un enjeu crucial pour beaucoup de travaux de recherche et pour de nombreuses applications opérationnelles. Une connaissance précise demande une mise à jour fréquente de ces informations, mais peut aussi nécessiter de remonter dans le temps pour faire une analyse des tendances et proposer des scénarios d’évolution. La possibilité offerte par la télédétection spatiale d’accéder à une vue d’ensemble de grandes régions de façon récurrente constitue donc un atout majeur pour la production de cartes d’occupation du sol. Cependant, pour que ces cartes soient disponibles dans des délais raisonnables et avec une qualité suffisante, il est nécessaire de disposer de méthodes automatiques robustes et fiables, capables d’exploiter de façon efficace les données disponibles.

 

Les approches classiques de production

Les approches automatiques de production de cartes d’occupation du sol à partir d’images de télédétection sont souvent basées sur des méthodes de classification d’images. Cette classification peut être :

  • supervisée : on utilise des zones pour lesquelles on connaît l’occupation du sol comme des exemples pour un apprentissage;
  • non supervisée : on regroupe les pixels de l’image par similarité et on reconnait les classes ensuite.

La classification supervisée fournit souvent de meilleurs résultats, mais elle nécessite des données de référence pour l’apprentissage qui sont coûteuses à obtenir (campagnes sur le terrain, photo-interprétation, etc.). C’est cependant cette approche qui est utilisée dans les travaux actuels du CESBIO, comme par exemple l’édition d’une carte d’occupation des sols annuelle sur la France (avec LANDSAT 8, en attendant Sentinel-2).

 

L’apport du multi-temporel

Jusqu’à récemment, les cartes d’occupation du sol à échelle cartographique fine ont été presque exclusivement produites à partir d’un petit nombre de dates et ceci principalement à cause du manque de séries multi-temporelles denses fournies par des capteurs à haute résolution spatiale. L’accent était donc mis sur la richesse spectrale des images pour distinguer les différentes classes d’occupation du sol. Cependant, cette approche « monodate » ne permet pas de distinguer des classes qui auraient la même signature spectrale à une date d’acquisition donnée, mais une signature différente à une autre date (des sols nus qui deviendront des cultures différentes plus tard). Pour pallier à cette difficulté, plusieurs dates peuvent être utilisées, mais cela demande une sélection spécifique de dates en fonction de la nomenclature visée. Par exemple, dans l’image de gauche, acquise au mois de mai, il est très difficile de dire où sont les parcelles de colza et quelles sont les parcelles de blé. Sur l’image de droite, acquise au mois d’avril, les parcelles de colza en fleur sont très faciles à distinguer des parcelles de blé bien vert.

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Image du mois d’avril. Les parcelles de colza en pleine floraison sont parfaitement visibles, elles apparaissent en jaune Image du mois de mai. Les parcelles vert clair sont des cultures d’hiver, blé ou colza principalement. Où sont les champs de Colza ?

Si l’on souhaite mettre en place des systèmes opérationnels et génériques (indépendants des sites cartographiés et donc des nomenclatures visées), il faut assurer une acquisition d’images fréquente et régulière. Ceci sera rendu possible par la mission Sentinel-2, et déjà, sur les données de démonstration issues de Formosat-2 et SPOT4 (Take 5). En plus, on peut montrer que le fait de disposer d’une haute résolution temporelle peut être plus intéressant que de disposer d’une grande diversité spectrale. Par exemple, la figure suivante montre des résultats de performances de classification (indice \( \kappa \); plus il est élevé, mieux c’est) en fonction du nombre de dates utilisées pour la classification. On a utilisé des images Formosat-2 (4 bandes spectrales) et des simulations Vénµs (12 bandes) et Sentinelle-2 (13 bandes). On constate qu’à partir d’un nombre suffisant de dates utilisées, la richesse spectrale de Vénµs et Sentinelle-2 est rattrapée par une description fine du comportement temporel obtenu avec le simple capteur Formosat-2.kappaVFS.png

 

Ce qui peut être attendu de Sentinelle-2

Sentinelle-2 a des caractéristiques uniques dans le paysage des systèmes d’observation de la Terre :

  • fauchée de 290 km.;
  • résolution spatiale de 10 à 60 m. en fonction des bandes spectrales;
  • revisite de 5 jours (avec 2 satellites);
  • 13 bandes spectrales.

Les systèmes de résolution spatiale comparable (SPOT ou Landsat) ont des revisites plus faibles et moins de bandes spectrales. Les systèmes de revisite similaire, ont une résolution spatiale plus faible (MODIS) ou des fauchées réduites (Formosat-2). Avec le type de données fournies par Sentinelle-2 il est possible d’envisager le développement de systèmes de production de cartes d’occupation du sol capables d’actualiser les informations une fois par mois à l’échelle globale. La dimension temporelle, permettra de distinguer des classes dont les signatures spectrales sont très proches pendant une grande partie de l’année. La résolution spatiale améliorée permettra de travailler avec des unités minimales de cartographie plus fines. Cependant, la mise en oeuvre opérationnelle de tels systèmes nécessitera une attention particulière aux besoins de validation des produits générés et aux énormes volumes de données à traiter. Les cartes d’occupation produites par un tel système devront suivre une validation à échelle régionale, voire globale. De plus, comme les données de référence seront limitées, il faudra se passer au maximum de techniques d’apprentissage et essayer d’intégrer des connaissances a priori (physiques ou expertes) dans les chaînes de traitement. Enfin, même si la capacité d’acquisition des nouveaux systèmes spatiaux sera améliorée, il y aura toujours des trous dans les données (nuages, par exemple). Les chaînes de traitement devront donc savoir combler ces trous, ou en tout cas y être robustes.

 

Les travaux du CESBIO

Danielle Ducrot, Antoine Masse et de nombreux stagiaires du CESBIO ont fabriqué récemment une grande carte d’occupation des sols sur la chaîne des Pyrénées à partir de données multi-temporelles de LANDSAT à 30 mètres de résolution. Cette carte, qui représente un vrai travail d’orfèvre, contient 70 classes. Elle a été réalisée en trois parties à partir des images peu nuageuses collectées par les satellites Landsat au cours de l’année 2010.

Carte d’occupation des sols à 70 classes obtenue à partir de séries temporelles d’images LANDSAT.

Dans sa thèse, Antoine travaille sur les méthodes qui permettent de sélectionner les meilleures dates pour réaliser une classification. De son côté, Isabel Rodes s’intéresse aux méthodes qui permettent d’utiliser toutes les images disponibles sur des zones très étendues tout en gérant les données manquantes (nuages, ombres) et le fait que tous les pixels ne sont pas vus aux mêmes dates. Ces 2 approches sont complémentaires : l’une permet de travailler avec des nomenclatures très détaillées, mais demande l’intervention d’opérateurs humains, l’autre est complètement automatique, mais moins ambitieuse en termes de détails de la classification. Une troisième approche est explorée au CESBIO dans le cadre de la thèse de Julien Osman : l’utilisation de connaissances a priori de type quantitatif (à partir de données historiques) et qualitatif (connaissances d’experts thématiques) pour guider les systèmes de classification automatique. Nous vous décrirons plus en détails ces différentes approches dans des billets à venir.

 

10 thoughts on “La production de cartes d’occupation du sol, comment ça marche?

  1. j’aimerais vraiment maitriser comment réaliser une carte d’occupation de sol à travers toutes les étapes.

      1. Thanks for this contribution. Anyway, our methodology is quite diffferent, as we aim to provide land cover maps automatically (no clicks) and based on all the data acquired during a year or more.

  2. bjr , svp comment élaborer une carte d’occupation du sol à partir des images sentinel-1.

  3. Bonsoir a tous,
    Je travaille une zone de 23 km2 j’utilise des images landsat de 1986 à 2020 sur période de 10 ans, après avoir corrigé les images j’ai dû calculer le NDVI, SAVI, MSAVI, NDWI, MNDWI etc, après ces étapes comment puis-je procéder à la classification et l’utilisation des sols dans arcmap svp?

  4. Bonjour Olivier, comment les classes sont prédéfinies, est-ce que vous avez une méthode particulière? ou cela se base essentiellement selon vos vérités terrain?

    Merci d’avance

    1. Bonjour,
      cet article est maintenant ancien, les travaux de l’équipe sont à suivre sur http://osr-cesbio.ups-tlse.fr/~oso/

      Le choix des classes doit d’abord être piloté par les besoins, quelles sont les classes que vous avez besoin de distinguer. Il peut être cependant nécessaire de réduire les ambitions, par exemple si des données d’apprentissage manquent pour certaines classes, ou si ces classes sont impossibles à distinguer avec les données dont vous disposez. Il est par exemple très difficile de différencier de l’orge et du blé avec Sentinel-2, d’où la classe « céréales à pailles » dans OSO.

      Olivier

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