Le satellite Franco-Israelien Venµs, attendu depuis si longtemps, a été lancé le 2 août 2017. 110 sites dans le monde vont être observés en 2018 et 2019 à 10 m de résolution et avec 12 bandes spectrales. Alors que la plupart des sites ne correspondent qu’à l’emprise d’une scène Venµs (27 à 32 km de large (est-ouest) * 27 km nord-sud), le site ‘Toulousain’ couvre un transect de 168 km du nord de la Haute-Garonne (Grenade) jusqu’en Espagne, en passant par les Pyrénées ariégeoises (dont le Mont Vallier), prolongé par un 2ème transect de 157 km de long en Espagne jusqu’à l’embouchure de l’Ebre (carte en ligne). L’intérêt d’avoir choisi un si grand transect est la grande diversité des conditions pédo-climatiques due au relief varié de la zone, des types de cultures et de végétation et enfin de pratiques humaines de gestion (type d’agriculture, d’élevage…), sur un nombre de kilomètres assez restreint. Ce transect Venµs permettra ainsi d’étudier de nombreux agro-écosystèmes différents.

Le transect Venµs, de Toulouse à l'espagne.
L’intérêt majeur de la mission scientifique Venµs est d’offrir une très forte revisite temporelle : chaque site sera observé tous les 2 jours. En combinant les données de Venµs avec celles de Landsat 8 et Sentinel-2, la revisite sera presque quotidienne. Au niveau scientifique, il s’agit de préparer les futures missions spatiales opérationnelles et de démontrer l’intérêt d’une fréquence temporelle très élevée. Au niveau thématique, ces 2 années 2018 et 2019 vont permettre de suivre finement les évolutions rapides des phénomènes naturels comme les variations du manteau neigeux, la croissance des cultures, les stades phénologiques des diverses végétations (forêts, prairies, cultures, autres milieux naturels), etc… Pour être pleinement valorisés, ces sujets nécessiteront des observations de terrain de qualité sur ces deux années 2018 et 2019. Nous faisons donc acte d’information, voire d’appel à volontaires, pour collecter des données de terrain pertinentes. Ci-dessous, nous listons les principaux sujets déjà prévus ou potentiels, pour chacune des 2 grandes zones géographiques du transect ; ainsi que les principaux acteurs pré-identifiés.  Zone 1 : de Grenade au Volvestre.Tous les milieux de plaine et de coteaux sont couverts : zone urbaine (centre et ouest de Toulouse), la Garonne de St Martory à St Jory, forêts, prairie, cultures en sec et en irriguées. Des travaux de recherche sont déjà prévus. Dans la thèse de Nicolas Karasiak, menée à Dynafor, des observations terrain de phénologie des forêts seront menées pour mieux comprendre le potentiel des séries temporelles d’images de télédétection pour distinguer les essences forestières entre elle. Toujours à Dynafor, quelques suivis de biodiversité et de floraison des prairies naturelles seront effectués. Le CESBio et l’INRA d’Avignon mèneront des campagnes de mesures terrain spatialisés de suivi des indices foliaires, biomasse, rendement, humidité se surface des sols, qui serviront d’une part à calibrer et valider divers algorithmes d’estimation de ces variables par satellites ; et d’autre part, à tester l’intérêt de ces séries temporelles satellite fines dans des modèles de culture. Enfin, le CESBio valorisera ces riches données terrain et spatiales, couplées à des données satellites radar, sur les aspects cartographie de l’occupation du sol et des intercultures (dont les repousses et les couverts végétaux et le travail du sol). 
Suivi des indices foliaires - 18 juillet 2016 - Tournesol.
Acteurs potentiels sur cette zone. Outre les laboratoires de recherche, dont la plupart se sont engagés dans la nouvelle Zone Atelier PYGAR (‘Pyrénées-Garonne’) du CNRS, les collectivités, les services de l’état, les agences (eau, énergie, environnement), les associations (environnementales…), les acteurs techniques et économiques professionnels (chambres d’agriculture, coopératives agricoles…) sont tous à priori des acteurs qui peuvent être intéressés par les résultats de ces 2 années Venµs et qui pourraient s’impliquer dans ces travaux (collecte et échange de données…).
Venus. Transect Haute-Garonne Ariège. Partie Nord.
 Zone 2 : le piémont (Volvestre, les petites Pyrénées) et la zone montagneuses des Pyrénées (Couserans…).La zone couverte par Venµs couvre les versants nord (Couserans) et sud (Espagne : parc national AiguesTortes) des Pyrénées. La thématiques neige sera investie a minima par Simon Gascoin du CESBio qui produira des cartes d’enneigement à partir des données Venµs. Les thématiques ‘caractérisation de la végétation’ de montagne sont très intéressantes, mais il faudra que des acteurs s’emparent du sujet. Les aspects phénologiques (période de débourrement/feuillaison, floraison, sénescence des feuilles) seraient particulièrement intéressants en montagne, car de grands écarts peuvent exister en fonction des altitudes, expositions pour une même espèce. Or mieux caractériser, spatialement grâce à Venµs, les écarts phénologiques entre situations variées permettraient de mieux comprendre l’impact du climat (et donc d’anticiper sur l’impact de ses changements) et les effets locaux (micro-climat, effet vallée). Outre la forêt et les prairies, ce sont les milieux semi-naturels qui seraient le sujet le plus original (pelouses, landes, friches…), pour un sujet très lié à la biodiversité. Les périodes de floraison des diverses landes (à rhododendron…) sont un facteur majeur sur la présence et abondance de nombreux insectes et pollinisateurs. Dans le piémont (petites Pyrénées…), Venµs offre la possibilité de caractériser finement plusieurs aspects sur les prairies : croissance de l’herbe, pratiques (période de fauche…), peut-être floraison pour les prairies riches en fleurs, etc… 
Brulage dirigé ('écobuages') dans les Pyrénées. Photo du 6 mai 2017, un mois après le feu. La matière organique du sol continue à brûler.
Acteurs potentiels sur cette zone. De nombreux laboratoires de recherche pourraient tirer des bénéfices de ces sujets, en géographie, biodiversité, en particulier les laboratoires engagés dans la nouvelle Zone Atelier PYGAR. Le Laboratoire d’Ecologie Expérimentale du CNRS à Moulis est d’ailleurs situé au cœur de ce transect. Les acteurs des filières élevage, forêts, pastoralisme sont à impliquer, ainsi les structures liées à la biodiversité et aux milieux naturels. Parmi les acteurs territoriaux, outre les départements, pays et intercommunalités, le Parc Naturel Régional des Pyrénées Ariégeoises est largement couvert par ce transect Venµs.
Venus. Transect Haute-Garonne Ariège et Espagne. Partie Sud.
Contact pour la zone Haute-Garonne/Ariège : JF Dejoux, CESBio, animateur ART Occitanie (jean-francois.dejoux@cesbio.cnes.fr).L’accès aux données brutes et traitées sera bien sûr gratuit et ouvert à tous. Les acquisitions systématiques vont débuter mi- janvier 2018. La distribution des données au niveau 1A (réflectances en haut de l’atmosphère) devrait débuter en mars/avril 2018, celle des niveaux 2A (réflectances au sol) en avril/mai 2018. La carte des zones Vénus est en ligne. Des Informations générales sur la mission Venµs sont disponibles sur ce blog, dans le bulletin THEIA n°8 ; et sur le site Théia : la mission ; la première image.

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