=>Comme pour LANDSAT 8, il y a quelques semaines, nous venons de produire les données de LANDSAT 5 et LANDSAT 7 acquises au dessus de la France métropolitaine (sans la Corse) de 2009 à 2011. Les données seront mises en ligne d’ici quelques jours, le temps de les transférer sur le serveur.  Les traitements ont été effectués par l’équipe MUSCATE, pour le compte du pôle THEIA, en utilisant les moyens du centre informatique du CNES. Les données seront disponibles sur le site :

http://spirit.cnes.fr/resto/Landsat/

Exemple de produit de Niveau 2A obtenu avec LANDSAT5 sur la côte atlantique. Les nuages sont entourés en vert, le masque d'eau est entouré en bleu, la neige en rose. De temps en temps, la forte turbidité des eaux charentaises fait basculer les seuils de neige, et certains zones particulièrement turbides peuvent être identifiées dans le masque de neige...
Le traitement, le format et la présentation de ces données ont beaucoup de points communs avec ceux de Landsat 8, décrits ici. Cependant, ils s’en écartent par plusieurs aspects, qui font l’objet de cet article.

Point de départ.

Le point de départ est différent pour les satellites LANDSAT 7 et LANDSAT 5.

  • Pour LANDSAT 7, comme pour LANDSAT 8, nous démarrons des produits de niveau 1T fournis par l’USGS. Ces produits présentent cependant un gros défaut, avec la présence de stries dès que l’on s’écarte du centre de l’image. Ces stries sont dues à la panne d’un miroir sur ce satellite depuis 2013. Se reporter ici pour une description du problème. Dans notre cas, nous avons décidé de n’utiliser que la partie centrale de l’image, en interpolant un peu les données manquantes, tant que les trous sont inférieurs à 4 pixels, et en éliminant directement la partie de l’image où les trous ont une largeur supérieure à 4 pixels.
  • Les données acquises par LANDSAT 5 en France ne sont malheureusement pas disponibles sur les serveurs de l’USGS. C’est l’ESA qui dispose de ces données, et qui a bien voulu nous les fournir (Merci encore à Bianca Hoersh et  Riccardo Biasutti de l’ESA, et à la société SERCO qui nous a fait parvenir les données). Le jeu de données que nous vous fournissons ici est en fait un jeu unique, qui actuellement n’est disponible sur aucun autre serveur, même si l’ESA compte en faire une production prochaînement. Ces données nous parviennent au niveau 1G, un niveau de traitement intermédiaire, pour lequel les données n’ont pas été ortho-rectifiées. Nous avons donc dû les ortho-rectifier à Theia, en utilisant l’outil SIGMA du CNES, comme pour SPOT4 (Take5).

Cette  double approche différente pour les deux capteurs a des inconvénients. La base de données de référence géométrique de LANDSAT semble avoir quelques erreurs en France, et les données obtenues par l’USGS sur la région Toulousaine par exemple sont souvent décalées d’un pixel. Ce n’est pas le cas pour les données LANDSAT 5 ortho-rectifiées par THEIA, il peut donc parfois y avoir un pixel d’écart d’une date à l’autre selon qu’elle vient de LANDSAT 5 ou LANDSAT 7. Par ailleurs, les données de l’ESA présentent des défauts, comme par exemple la présence de points brillants colorés par-ci par là, de manière aléatoire.  

Reprojection en Lambert 93

Les données de l’USGS sont fournies en projection UTM. Cette projection utilise trois fuseaux différents au dessus de la France, qui se divise donc en 3 zones différentes, l’Ouest de la France, le Centre et l’Est. Comme les données de deux fuseaux différents ne se superposent pas directement, nous avons donc décidé de reprojeter les données LANDSAT 7 en Lambert 93, qui est la projection officielle pour la France.Les données LANDSAT5 ont elles aussi, bien sûr, été directement projetées en Lambert 93.

Découpage des produits en tuiles

Nous avons pris le parti de suivre la même logique que celle utilisée par Sentinel-2, et de découper les données en tuiles de 110*110 km décalées de 100 km les unes par rapport aux autres. La tuile 1×1 se trouve au sud-ouest de la France, lorsqu’on va vers l’est (vers la droite), on incrémente la première coordonnée de D0001 à D0010 (D pour Droite), lorsqu’on va vers le Nord (vers le haut), on incrémente la seconde coordonnée, de H0001 à H0010 (H pour Haut). La tuile de Toulouse s’appelle donc D0005H0002 Le découpage en tuiles est visible sur l’image ci-jointe. Pour chacune des tuiles, nous fournissons l’ensemble des dates pour lesquelles une image LANDSAT (5 ou 7) a une intersection non nulle avec la tuile. Quelques dates peuvent manquer, pour plusieurs raisons, liées en général à la couverture nuageuse :

  • l’image n’a pas été acquise par LANDSAT (quand les prévisions météo indiquent un temps très couvert, les images ne sont pas acquises).
  • l’image a été acquise mais s’est avérée trop nuageuse pour être traitée au niveau 1T par l’USGS (L7) ou par le CNES (L5)
  • l’image est trop nuageuse pour être traitée par la chaîne de Niveau 2A

 

Traitement de Niveau 2A (correction atmosphériques et détection des nuages)

Il est important de noter que notre chaîne ne traite pas les bandes thermiques pour l’instant. Une correction est à l’étude, mais celle-ci ne sera pas opérationnelle avant un ou deux ans.La méthode utilisée pour les bandes visible, proche et moyen infra rouge est quasiment la même que pour SPOT4(Take5). Le traitement a été effectué avec la même chaîne, le prototype de MACCS, développé et maintenu au CESBIO par Mireille Huc. Notre méthode de base est une méthode multi-temporelle à la fois pour la détection des nuages, des ombres de nuages, de l’eau et pour l’estimation de l’épaisseur optique des aérosols. Cependant, grâce à la richesse spectrale de LANDSAT, nous avons pu enrichir nos méthodes par rapport à la version utilisée pour SPOT4 (Take5) : grâce à la bande bleue, nous pouvons utiliser un critère complémentaire pour détecter les aérosols, grâce à la relation quasi constante observée entre les réflectances des bandes bleues et rouges au dessus de la végétation. Le gain de précision dû à la présence de cette bande permet de compenser la perte de précision de la méthode multi-temporelle due à la faible répétitivité des LANDSAT. Enfin, contrairement à LANDSAT 8, la bande 1.38 n’existe pas sur LANDSAT 5 et 7, la détection des nuages hauts n’est donc pas évidente.

Images de la tuile obtenue sur la côte atlantique, en provenance de deux traces différentes de LANDSAT (à gauche au milieu, les traces 201 et 200 ). Les angles de visée sont légèrement différents sur chacune des traces (visée depuis l’ouest sur l’image de gauche visée depuis l’est sur l’image de droite). A droite une image LANDSAT 7 de la trace 201, réduite à la portion centrale.

 

Pour augmenter la précision de la détection des nuages, nous avons décidé d’utiliser les données issues de traces adjacentes de LANDSAT (5 ou 7) dans les séries temporelles de niveau 2A. Ces données ne sont pas acquises exactement sous le même angle (+/- 7 degrés), mais la différence d’angle est suffisamment petite pour qu’il y ait un vrai gain de précision sur les zones d’intersection entre traces. En raison de cette approximation, quelques artefacts peuvent être observés. 

Format des données

Le format des produits de Niveau 2A de LANDSAT 5 et 7 est le même que celui des données SPOT4 (Take5). 

Défauts connus :

Exemple du phénomène de rémanence observé sur les données de LANDSAT 5 à proximité d’un gros nuage. Ce défaut électronique se traduit ici par une alternance de bandes sombres et claires au dessus de la végétation.
Voici une petite liste des défauts connus des données LANDSAT 5 ou 7 : 

  • la donnée de référence pour l’ortho-rectification à l’USGS peut présenter des biais supérieurs à 30 mètres (38 mètres à Toulouse). Les données LANDSAT 7 peuvent donc parfois être légèrement décalées par rapport aux données LANDSAT 5 ortho-rectifiées au CNES.
  • L’instrument TM sur LANDSAT 5 présente un phénomène de rémanence qui se traduit par des bandes plus ou moins sombres, perpendiculaires à la trace du satellite, a proximité de zones contrastées, comme par exemple près d’une importante masse nuageuse.
  • Exemple de parasites pouvant apparaître sur les images LANDSAT 5, sous la forme de points colorés.
  • Les produits LANDSAT 5 que l’ESA nous a fournis voilà deux ans présentent parfois des « parasites » sous la forme de points colorés apparaissant de manière aléatoire sur l’une ou l’autre bande.
  • Dans les produits LANDSAT, la valeur qui indique si un pixel est en dehors de l’image est égale à 0. Or cette valeur peut aussi se retrouver à l’intérieur des données. Nous avons essayé de séparer les vraies valeurs hors image des valeurs normales dans l’image mais nous n’y arrivons pas toujours, et dans ce cas, toutes les valeurs de toutes les bandes sont mise à la valeur nodata, qui chez nous vaut -10 000 justement pour éviter ces problèmes.

 

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