=> L’évapotranspiration est un facteur clé pour estimer les quantités mises en jeu dans le cycle de l’eau. On estime par exemple que 60% des quantités d’eau de pluie sont évapotranspirées, et par exemple, un plan de blé rejette environ 500mm d’eau par an via le processus d’évapotranspiration.  Les volumes en question sont donc très importants. Suivre l’évolution de cette variable au cours d’une campagne agricole permet à la fois d’estimer les besoins en eau des plantes, mais aussi d’identifier des périodes de stress hydrique et d’en estimer spatialement l’importance. Le suivi de cet indicateur constitue un enjeu crucial dans la gestion de la ressource en eau à l’échelle de la parcelle mais aussi du bassin versant.

Schéma explicatif du processus d'évapotranspiration des plantes

 

 Dans le cadre du projet SIRHYUS mené en partie au CESBIO, un prototype de chaîne de traitement de données spatiales a été développé afin d’apporter des éléments de réponse à cette problématique à l’échelle d’un bassin versant. La zone d’étude retenue est le Fresquel, un bassin versant de 937 km², situé entre Castelnaudary (le cassoulet) et Carcassonne (la forteresse). Les principales cultures présentes sur ce bassin sont les suivantes : céréales, tournesol, vigne et -dans une moindre mesure- maïs et colza. 

Zone d'étude : le bassin versant du Fresquel
Comme dans l’article présentant le modèle Sat-irr, le modèle FAO-56 (Allen & al. 1998) a été utilisé en ajoutant un module spatial. Le modèle FAO-56 propose la modélisation de l’ET de tout type de plante en modulant -via un coefficient empirique KC- l’ET de référence (noté ET0), elle-même calculée avec l’équation de Penman-Monteith. Ce coefficient KC dépend des propriétés biologiques de la plante (hauteur, taille des feuilles, type de photosynthèse…) et de son stade de développement. L’équation de Penman-Monteith nécessite en entrée des données météorologiques (température, humidité etc.) qu’il est possible d’obtenir via des modèles globaux (NCEP, ECMWF) en quasi  temps réel. Afin d’automatiser entièrement la réception de ces données, des algorithmes ont été développés en python. Ils sont disponibles ici.  Les images landsat fournies par le centre de donnéeq Theia ont été utilisées pour ajuster le coefficient KC au plus proche du cycle phénologique des plantes. L’utilisation de ces images satellitaires fournit en effet une vision synoptique et quasi temps réel du développement des cultures de la zone étudiée : le NDVI calculé à partir des bandes rouge et InfraRouge, interpolé sur l’ensemble de la saison agricole permet de suivre en temps réel et de façon spatialisée les stades de croissance réels des cultures. Ce recours aux images multitemporelles permet alors d’obtenir une meilleure estimation de l’ET. La connaissance des cultures agricoles sur le bassin permet alors la spatialisation de l’ensemble du modèle en attribuant à chaque pixel, les coefficients culturaux de l’espèce identifiée sur la carte d’occupation du sol.Ainsi il est possible d’obtenir des cartes d’estimation de l’évapotranspiration à l’échelle d’un bassin versant, disponibles via une interface Web, (rubrique « Evapotranspiration »). La figure suivante est une capture d’écran de l’interface Web produite au CESBIO : sur chaque pixel du bassin versant il est possible d’obtenir la chronique de l’évapotranspiration estimée sur l’ensemble de l’année écoulée, au pas de temps 8 jours et sur l’année entière. 
Capture écran de l'application web "évapotranspiration". Le graphique au bas de l'image représente l'évapotranspiration de différentes espèces en fonction du temps (vert clair : prairies permanentes, rouge : vignes, violet : tournesol, rose : légumes/fleurs...).
 Il est ensuite possible de dériver de ce produit des cartes de quantité d’eau dans le sol sur l’ensemble de la zone étudiée.
Représentation de la quantité d'eau dans le sol après calcul du bilan hydrique : le graphique sur le bas de l’image affiche la quantité d’eau présente dans le sol (%) en fonction de la date (jour)).

 

Ces produits modélisés permettent d’estimer en quasi temps réel la quantité d’eau présente dans la zone racinaire du sol de la région étudiée. Cet estimation est importante car elle permet également d’optimiser les apports en eau et ainsi d’économiser cette ressource. Les résultats sont consultables sur le même lien que pour les cartes d’évapotranspiration. Plusieurs campagnes de validation du modèle utilisé dans ce projet ont été menées à Lamasquère et Auradé (les deux sites pilotes du CESBIO) entre 2006 et 2011. Ces études ont permis de tester les performances du modèle utilisé pour modéliser l’évapotranspiration. La figure suivante permet de visualiser la comparaison entre l’évapotranspiration mesurée in situ sur le site test de Lamasquère en 2008 et l’évapotranspiration modélisée. 

Comparaison entre l'ET observée (courbe noire) et l'ET modélisée (courbe rouge)

.Face aux nouveaux challenges actuels que sont l’économie de la ressource en eau et la lutte contre le changement climatique et ses répercussions notamment sur le cycle de l’eau, la gestion optimale des ressources en eau est de nos jours un défi important.Ce travail permet de mieux connaître et appréhender les quantités d’eau évapotranspirées par chaque type de plante à l’échelle d’un bassin versant et ainsi d’estimer les besoins en eaux des bassins versants. La connaissance de l’état hydrique des sols permet également d’optimiser les apports en eau et ainsi d’économiser cette ressource.Ce travail s’insère dans la perspective de l’arrivée prochaine des images du satellite Sentinel-2 qui permettra d’obtenir des résultats de modélisation encore plus précis du fait de sa période de revisite très courte. La surface opérationnelle sera également accrue : ainsi la fiabilité générale des modélisations sera augmentée.   

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